Il s’est passé beaucoup (trop) de temps depuis le dernier article sur l’OuLiPo, qui mettait à l’honneur le lipogramme ! Quelques personnes m’ont accompagnée sur LinkedIn et ont joué avec moi de façon brillante, je les en remercie ! Voici donc la suite de cette série, avec une autre contrainte oulipienne renommée, compréhensible et plutôt facile à mettre en œuvre : l’abécédaire.
L’OuLiPo, c’est quoi, déjà ?
Pour ceux qui auraient manqué le début, l’OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) est un atelier dont les membres (les oulipiens) assemblent des mots selon des contraintes qu’ils se sont eux-mêmes fixées. On y trouve côte à côte des gens de lettres et des scientifiques, car l’OuLiPo est bien plus qu’un cercle littéraire. Il existe plusieurs dizaines de contraintes, toutes recensées sur le site officiel de l’OuLiPo. Parmi les oulipiens célèbres, on retient, entre autres, Raymond Queneau.
Et l’abécédaire, alors ?
Un abécédaire est un terme vieilli pour désigner un livre destiné à apprendre l’alphabet. Je pense qu’il est inutile de s’attarder sur son étymologie : a, b, c, d…
Pour l’OuLiPo, l’abécédaire est une contrainte qui consiste à écrire une phrase dans laquelle les initiales des mots successifs suivent l’ordre alphabétique. La phrase ne doit pas forcément commencer par la première lettre de l’alphabet et elle ne doit pas impérativement contenir tout l’alphabet (laissons ça aux spécialistes !). Par exemple, « Les mots noirs » est un abécédaire. Ou « les miettes numérotées », mais ça devient n’importe quoi, j’en conviens, à moins d’être une figure du surréalisme : D
Quelques exemples d’abécédaires
Voici l’exemple d’abécédaire complet donné sur le site de l’Oulipo, sous forme d’inventaire :
À brader : cinq danseuses en froufrou (grassouillettes), huit ingénues (joueuses) kleptomanes le matin, neuf (onze peut-être) quadragénaires rabougries, six travailleuses, une valeureuse walkyrie, x yuppies (zélées).
Voici un autre abécédaire complet, chiné sur ardenneweb.eu :
À Besançon circulaient des étoffes finement gansées : habits impeccables, jupes kaki… Les modistes n’oubliaient pas quelles riches, sensuelles teintes utiliser : vert Wehrmacht, xanthine, yellow, zinzolin…
Comment composer un abécédaire ?
Vous vous en doutez, il est plutôt difficile de créer un abécédaire complet qui a du sens. Ne voyons pas trop grand pour commencer. Je vous recommande, dans un premier temps, de vous contenter d’un abécédaire partiel, pour vous faire à l’exercice : « À bas Charlemagne ! », « Et finalement, Gaston hésite… », « Néanmoins, on pense que Rennes semble trop unanime ». Bref, vous avez compris l’idée.
Comme pour le lipogramme, je n’ai pas de « méthode » pour créer un abécédaire. Mais pour que le travail soit plus facile, vous pouvez commencer votre phrase par les initiales d’articles : des, la, le, les, un… Et ensuite… Laissez-vous guider et lâchez la bride ! La mère Noël oublie parfois !
Vous voulez compliquer la tâche ? Inversez l’abécédaire : « On numérote même les kiwis ! » (OK, celui-ci est un peu tiré par les cheveux…)
Les contraintes oulipiennes sont de très bons exercices pour laisser vagabonder son esprit, et pour s’affranchir des règles tout en respectant les contraintes ! Bref, pour travailler la plasticité de votre cerveau. La mère Noël oublie parfois quoi ? On s’en fiche, quel est l’enjeu ?! Il n’y a pas d’enjeu, à part la satisfaction d’avoir réussi un abécédaire à 5 mots en ayant pris plaisir à se creuser la tête !
2 commentaires
Contrainte oulipienne n°3 : l'acronyme - Pascale DUC - Rédactrice Web · 6 avril 2023 à 13 h 08 min
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Contrainte oulipienne n°6 : le portrait alphabétique - Pascale DUC - Rédactrice Web · 16 janvier 2024 à 12 h 15 min
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