Après avoir mis à l’honneur le lipogramme, puis l’abécédaire, voici (enfin !) une nouvelle contrainte oulipienne : l’acronyme. Si vous n’avez pas la moindre idée de ce dont je parle, je vous propose une petite session de rattrapage en lisant mon billet sur l’OuLiPo. Et pour ceux qui ont la flemme, faisons bref : l’OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) est une association née en 1960, qui regroupe des littéraires et des scientifiques autour de contraintes fixées par eux-mêmes pour repousser les limites de la créativité littéraire. J’entends déjà d’ici les « Attends un acronyme, c’est bon, on sait ce que c’est hein, pas la peine d’en faire une pendule à ressorts ». Mais vous pensez bien que cette contrainte oulipienne va bien au-delà de sa définition officielle…

Un acronyme, c’est quoi ?

Le CNRTL donne cette définition de l’acronyme :

Groupe d’initiales abréviatives plus ou moins lexicalisé.

D’après Antidote (une référence en matière de correction), les acronymes se prononcent de façon syllabique (par exemple OVNI, qui se prononce comme un mot à part entière). Les sigles, eux, se prononcent de façon alphabétique (CIO par exemple, qui se prononce lettre par lettre). Il arrive parfois qu’un acronyme soit formé de syllabes ou pseudosyllabes initiales, c’est le cas par exemple de « modem » (modulateur-démodulateur) ou de « bobo » (bourgeois bohème) ou de… OuLiPo ! Et la composition des acronymes peut même être hybride, comme « radar » (radio detecting and ranging). Mais nous allons en rester à l’acronyme « simple » dans le cadre de l’OuLiPo !

Un acronyme comme contrainte oulipienne, c’est quoi ?

Dans le monde merveilleux de l’OuLiPo, voici en quoi consiste l’exercice appelé « acronyme », en tant que contrainte :

Choisir un mot, et le traiter comme s’il était un acronyme, en prenant soin de multiplier et de varier les propositions, par exemple en explorant successivement des champs sémantiques différents.

Vous l’avez compris, il s’agit de sélectionner un mot qui n’est pas un acronyme et de le traiter comme s’il en était un, en choisissant des mots qui vont correspondre aux initiales, de façon cohérente si possible ! Et, plus fort, en faisant en sorte de trouver plusieurs combinaisons de mots. Toujours perdu ? Suivez-moi !

Un acronyme oulipien : le spot de Michèle Audin

Michèle Audin est une mathématicienne, membre de l’OuLiPo depuis 2009. Sur le site officiel de l’association, vous trouverez un exemple d’acronyme comme contrainte oulipienne, façon Michèle Audin. En voici quelques extraits.

D’abord, avec le mot « spot » :

Satellite de production d’observations du territoire… Souvenir pourtant oublié tôt…

Michèle Audin aime s’amuser, elle utilise également des anagrammes du même acronyme : tops devient « trop d’oublis, peu de souvenirs » et pots se décline en « photographie ovale tendant au souvenir » ou « pardon d’oublier tant de suavité ».

Ça y est, vous voyez le topo ? Alors à vous de jouer !

Comment composer un acronyme oulipien ?

En premier lieu, pour ne pas vous compliquer la tâche, je vous suggère de choisir un mot plutôt court, composé de lettres courantes. Gardez xylophone pour une prochaine fois, lorsque vous maîtriserez l’exercice…

Ici, je vais jeter mon dévolu sur le mot plat.

Voici ce que je vous propose :

Planète lumineuse absolument terrifiante… Pourquoi laisser Adam travailler ?… Plante légèrement allergisante et toxique (j’avoue pour celui-là, j’ai eu du mal avec le dernier mot, alors j’ai saisi « plante allergisante et… » sur Google ! Et le résultat est super !)… Peintre au libre-arbitre tonitruant…. Paleron aux lentilles et aux artichauts tendres…

À vous de jouer ! Et n’oubliez pas, malgré leur nom, les contraintes oulipiennes sont des invitations à laisser aller sa créativité !