Contraintes oulipiennes n°4 et 5 : l’acrostiche universel et le Beau présent

Durée de lecture : 2 minutes

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Dans la grande famille de l’OuLiPo, je vous propose aujourd’hui deux contraintes pour le prix d’une ! Mais pourquoi deux ? Eh bien, parce que l’exemple que je voulais prendre sur le site de l’OuLiPo pour la contrainte numéro 4 respecte aussi une autre contrainte, qui portera donc le numéro 5 ! Petit rappel pour les retardataires : l’OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) est une association rassemblant des littéraires et des scientifiques, qui se décrivent eux-mêmes comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ». Comment ? En (ré)inventant des contraintes linguistiques qui repoussent les limites de la littérature.

Contrainte oulipienne n°4 : l’acrostiche universel

Vous avez peut-être composé des acrostiches en étant enfant, sans même savoir que ce petit jeu portait un nom. Un acrostiche est un poème dans lequel les initiales de chaque vers composent un mot lorsqu’elles sont lues verticalement. Voici un exemple d’acrostiche, composé par la poétesse belge Anne-Marie Derese :

Or et sang
Rature du ciel
Arme à double tranchant
Gamme de notes déchirées
En moi, tu portes la couronne des Rois.

Voici une modeste contribution :

Pourquoi ne pas aller,
Avec mes deux enfants,
Sauter parmi les blés,
Chanter en s’amusant ?
Allez, venez, petits !

Les champs sont infinis !
En avant, par ici !

Bref, vous avez compris l’idée. Même si les acrostiches de mon enfance ressemblaient plus à :

Prodigieuse
Attachante
Souriante
Charmante
Aimable
Loyale
Enthousiaste

(sic)

Il existe plusieurs variations de l’acrostiche, voici des exemples d’acrostiches internes multiples :

(source : Talipo)
(source : La passion des poèmes)

Comme je vous l’ai annoncé, l’exemple d’acrostiche proposé sur le site de l’OuLiPo est très particulier, car il cumule deux contraintes différentes ! C’est vrai, pourquoi se priver ? Voici donc le texte « Autodescription » composé par Olivier Salon, ancien professeur de mathématiques et oulipien :

Osons lever le voile :
La vie alors se révèle et voilà le vrai.
Il se verra rêve éveillé,
Valse ensoleillée, voilier ivre.
Il a le rôle :
Éveiller les sens, sans en avoir l’air.
Rallier lèvres, sons, salive.

Sonner le la sans énerver les vilains,
À loisir raisonner, laisser résonner à l’envi,
La verve, les vers en vrille,
Ô le rire, le rire
Né : la liaison.

Avez-vous trouvé quelle est la contrainte appliquée en plus de l’acrostiche ?

Contrainte oulipienne n°5 : le Beau présent

Le Beau présent (ou la Belle présente pour une femme) est une contrainte qui consiste à composer un poème en l’honneur d’une personne, en n’utilisant que les lettres de son nom. Dans l’exemple ci-dessus, Olivier Salon a composé un poème en son honneur (je ne dis rien, je suis sur le point de faire la même chose…), en utilisant uniquement les lettres de son nom et de son prénom. Mais ce poème est également un acrostiche puisque les premières lettres de chaque vers forment elles-mêmes son nom et son prénom lorsqu’elles sont lues verticalement.

Je ne vous cache pas que cumuler les deux est un exercice périlleux pour le commun des mortels que je suis… Mais j’ai essayé quand même. Et j’en ai bavé, pour un résultat… qui est ce qu’il est. Heureusement qu’en poésie tout est permis !

Passe là,
Au lac sec,
Sac à puces !
Cale pas !
Au sud,
L‘espace cesse…
Elle cale…

Du suc
Ulule…
Ce suc-là ?
!

Vous l’avez compris, les voix (et les voies !) de l’OuLiPo sont (presque ?) infinies ! Et vous, vous sentez-vous prêts à relever le défi et à composer un poème qui respecterait les deux contraintes d’aujourd’hui ?

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